Textes et musiques de Fab Brusson sauf
+ Textes et musiques de Marc Damblé
* Textes et musiques de Fabrice Brusson et Marc Damblé
**Musique de Fab Brusson et Marc Damblé
Les textes de C.Baudelaire sont extraits des Fleurs du Mal.
Textes de A.Rimbaud , G.Apollinaire ( Alcools, (c) Ed. Gallimard,1920) , D.H.Lawrence, C.Perrot
TITRES EXTRAITS DE L'ALBUM " 1 2 3 GOINFRE "
*LE FAUNE
Propriétaire d’un corps devenu
sac
Naguère un havre où j’avais hâte
D’y reposer mes atomes
Fatigué de la ruse des hommes
Je suis le faune
En quête d’un locataire, d’un
nouvel arpenteur
Pour faire renaître ma saveur
Car je le sais le croissant fertile
Gît en moi tout près de l’abîme
Je suis le faune
Vous mes sœurs mes pensées,
Mon livre d’heures surannées
J’ai 9 vits et je vais les prendre
Agir plutôt que d’attendre
Ahhhhhhhh
Je suis le faune
Faune, faune, faune, faune…
*LA PATINE
La patine
L’artiste égratine la surface, gratte des heures
Il déplace l’artifice, l’argent du beurre
Et la patine, et la grande ourse
+L'ACADEMIE
Les rebelles roulent sans assurance
Ils aiment les poulpes et la faïence
Et d’alliance en alliance
Parcourent le globe en cadence
Les rebelles dorment en chien de fusil
Et songent à quelque académie
Millions d’étoiles populaires
Héros de la classe ouvrière
Les rebelles aiment la Colombie
Et les tulipes des Pays-Bas
Ils passent Noël à Bethléem
Et le jour de l’an au Pakistan
Les rebelles roulent sans assurance
Ils aiment les poulpes et la faïence
Et d’alliance en alliance
Parcourent le globe en cadence
Les rebelles lisent de drôles de fables
Jouent des chansons d’aluminium
Loin des plaisirs intarissables
Ils s’imaginent mangeant l’opium.
Les rebelles aiment la Colombie
Et les tulipes des Pays-Bas
Ils passent Noël à Bethléem
Et le jour de l’an au Pakistan
+WILLY & JULIE
July et moi nous protégeons
Willy enfile son pantalon
Et peu importe la saison
Inépuisable est la motivation
July préserve ses tentations
A chaque couleur sa position
Vive le bonheur et la passion
Vous m’en mettrez une cargaison
July et moi nous partageons
Nos désirs et nos sensations
Willy ne quitte jamais la maison
Sans son petit chaperon
July aime Willy
Willy aime july
*TRANCHE DE VIE
J’ai été le Raspoutine de bien des coeurs
Puis j’ai jauni, me suis flétri de l’intérieur
Ma peine est dense comme un miasme souverain
Mon âme chante des cantiques éteints
Que dire de cette engeance moderne
Qui croit avoir maîtrisé les ondes,
Que dire de la fameuse caverne
Où a commencé la fronde ?
A cette heure tardive où doivent se retirer
Roi, dame, cavalier, tous gent des bravos
Les petits maîtres dont je suis
« La caque sent toujours le haro »
Je voudrais ajouter à cet art du paraître
Quelques mots en guise d’épitaphe
Que l’on pourra tout à loisir faire sauter comme quelque agrafe
.
Toutes ces caisses et toutes ces malles
Remplies de choses dont nous sommes avides
Nous pourrissent les entrailles et nous retiennent dans le vide
Revenons à présent sur les récents
travaux pudiques des Barriot,
Sur la persistance d’un dieu unique et personnel à barbe blanche
Qui, du haut de sa divine aphasie, sa divine athambie, sa divine atropie,
Nous aime tous !
Il apparaît dans un luxe technicolor, en 3 D, le dimanche en fin d’après-midi,
Entouré des ses anges, devant une foule cathodique de joyeux larrons
Réunis pour l’occasion.
Célébrons ! Célébrons ! Abrah ! Abrah ! Abrah !
Disons n’importe quoi, plus rien n’a vraiment de sens ni d’importance,
« Money makes the world go round !»
Cousin, cousine, chère nièce du Brésil,
Devant ce carnaval absurde je vais délivrer le message,
Mais auparavant une page de pub ! N’anticipons pas !
Toutes ces caisses et toutes ces malles
Remplies de choses dont nous sommes avides
Nous pourrissent les entrailles et nous retiennent dans le vide
J’essaye tout, je suis insatiable : la
politique, la mafia, même Dieu !
Etre un artiste non de non quelle blague ! Humain, concierge, roi : qui dit
mieux ?
Je vole un pain : je suis misérable ;
Je lâche la bombe : je suis demi-dieu !
Seul le nombre sanctifie l’idole,
Pour peu qu’on y sacrifie l’homme !
Toutes ces caisses et toutes ces malles...
* L’INDEX
On me montre du doigt,
On me met à l’index,
On étudie mon cas,
Il paraît que je dois,
Faire taire mon sexe.
On me montre la voie,
Sous de fumeux prétextes,
On est dans de beaux draps,
C’est bien pour ça que moi,
Je laisse faire mon sexe.
LA PRIERE D'UN PAÏEN ( C.Baudelaire)
Ah ! Ne ralentis pas tes flammes ;
Réchauffe mon cœur engourdi,
Volupté, torture des âmes !
Diva ! supplicem exaudi !
Déesse dans l'air répandue,
Flamme dans notre souterrain !
Exauce une âme morfondue,
Qui te consacre un chant d'airain.
Volupté, sois toujours ma reine !
Prends le masque d'une sirène
Faite de chair et de velours,
Ou verse-moi tes sommeils lourds
Dans le vin informe et mystique,
Volupté, fantôme élastique !
* TRIBUTAIRE
Je deviens plus populaire quand j’ouvre
les yeux
Face au vent, au grand air, je me remue un peu
Je ne mange pas la terre pour en sentir l’effet
Je m’en sens tributaire comme un petit valet
Je plane en transparence vers ma destination
Je fuis la dépendance qui rouillerait mon avion
Je ne mange pas la terre pour en sentir l’effet
Je m’en sens tributaire comme un petit valet
Comme un petit valet
+ LE BAL
A qui la faute, la débandade
Où sont les apôtres, dans la noyade
J’ai tout mon temps
C’est grand ouvert
Ça faisait longtemps
Garez-vous y’a bal
Garez-vous y’a bal
Je mouche mon nez dans mes salades
Il en sort du lait, la cavalcade
J’ai pris mon temps
C’était grand ouvert
Ça faisait longtemps
Garez-vous y’a bal
Garez-vous y’a bal
* LES TEMPS SONT DURS
Les temps sont durs mais n’ayons crainte
Nous gagnerons
Certains prétendent sans engagement
D’autres s’engagent sans prétention.
Les temps sont durs mais restons simples
Nous gagnerons
Oui n’ayons cure de ces astreintes
Les temps sont durs sans attraction
Nous avons l’espoir de notre côté
Quelque histoire à partager
Les temps sont durs
NUIT RHÉNANE ( G.Apollinaire, in Alcools (c) Ed. Gallimard, 1920)
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes
se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire
( Alcools)
LE MORT JOYEUX (C.Baudelaire)
Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde,
Je hais les testaments et je hais les tombeaux
;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! noirs compagnons sans oreille
et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts !
LAMBEAUX (C.Perrot)
Peut-être est-ce cette minceur extrême
qui en façonne la beauté
J’aime la vie, géante
Et ces lambeaux de vie m’exaspèrent
Elle se refuse à moi entière, à moi si malhabile à
la prendre
Elle m’étouffe,
Espoir, bonheur, il n’y a rien de possible là-dedans
Et c’est musique enragée à se rompre le cou
JEUNE GOINFRE ( A.Rimbaud, in L'album zutique)
Casquette de moire
Quéquette d’ivoire
Toilette très noire
Paul guette l’armoire
Projette languette sur poire
S’apprête, baguette et foire
TITRES EXTRAITS DE L'ALBUM " LES AVEUGLES
", à parâitre en janvier 2012
COEUR DE PITRE ( A.Rimbaud)
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe :
Sous les quolibets de la troupe
Qui pousse un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal !
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l’ont dépravé !
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques.
Ô flots abracadabrantesques
Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé :
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l’ont dépravé !
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques :
J’aurai des sursauts stomachiques
Si mon cœur triste est ravalé :
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
LE VAMPIRE (C.Baudelaire)
L'heure est presque venue où je dois retourner aux flammes sulfureuses torturantes (Hamlet,I,5)
Toi qui, comme un coup de couteau,
Dans mon cœur plaintif es entrée,
Toi qui, forte comme un troupeau
De démons, vins, folle et parée,
De mon esprit humilié
Faire ton lit et ton domaine,
— Infâme à qui je suis lié
Comme le forçat à la chaîne,
Comme au jeu le joueur têtu,
Comme à la bouteille l'ivrogne,
Comme aux vermines la charogne,
— Maudite, maudite sois-tu !
J'ai prié le glaive rapide
De conquérir ma liberté,
Et j'ai dit au poison perfide
De secourir ma lâcheté.
Hélas ! le poison et le glaive
M'ont pris en dédain et m'ont dit :
« Tu n'es pas digne qu'on t'enlève
A ton esclavage maudit,
Imbécile ! — de son empire
Si nos efforts te délivraient,
Tes baisers ressusciteraient
Le cadavre de ton vampire ! »
LES AVEUGLES (C.Baudelaire)
Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment
affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.
Leurs yeux, d’où la divine étincelle
est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.
Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,
Éprise du plaisir jusqu’à
l’atrocité,
Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?
BIEN LOIN D'ICI (C.Baudelaire)
C'est ici la case sacrée
Où cette fille très parée,
Tranquille et toujours préparée,
D'une main éventant ses seins,
Et son coude dans les coussins,
Écoute pleurer les bassins:
C'est la chambre de Dorothée.
— La brise et l'eau chantent au loin
Leur chanson de sanglots heurtée
Pour bercer cette enfant gâtée.
Du haut en bas, avec grand soin.
Sa peau délicate est frottée
D'huile odorante et de benjoin.
— Des fleurs se pâment dans un coin.
LE PEUPLE EST MORT
Dès que je sus la nouvelle
Mon sang ne fit qu’un tour
En moi surgit le rebelle
Libre et sans détour
Je pris le parti pris
D’être l’écho des x
La voix des incompris
Des sans idées fixes
Le peuple est mort, non le peuple dort
Si le peuple dort, si le peuple est mort, il a tort
Qu’importe
Si certains d’entre nous
Vont mordre la poussière
Jetés au fond d’un immense trou
Derrière de lourdes portes en fer
La rumeur ira grandie
Porteuse de nos espoirs
Et franchira tous les parvis
Pour aller modeler l’Histoire
Le peuple est mort, non le peuple dort
Si le peuple dort, si le peuple est mort, il a tort
Phoenix incandescent
Antée mis à l’épreuve
Notre verbe est plus puissant
Que vos politiques neuves
Le peuple immense et beau
Au bord du précipice
Prépare ses pelles, ses seaux
Pour voir tomber le bel édifice
Le peuple est mort, non le peuple dort
Si le peuple dort, si le peuple est mort, il a tort
Quand peuple mord, il y va fort
Quand le peuple sort quand le peuple mord, il n’a pas tort
RECUEILLEMENT (C.Baudelaire)
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
LA MYSTIQUE DU CHEF
La mystique du chef
Autorise tous les crimes
A l’abri d’une moustache
On salive et on frime
Ooh ! le beau revolver
Sur le cuir de la banquette
On caresse sa chimère
Un doigt sur la gâchette
Qu’importe les états d’âme
Pourvu qu’on ait la flamme
La mystique du chef
Encourage tous les hymnes
De gauche à droite au fief
Il faut verser sa dîme
Pour qu’enfin sa conscience
Du chef gagne l’estime
C’est au nom de la France
Qu’ainsi on devient digne
Qu’importe les états d’âme
Pourvu qu’on ait la flamme
Qu’importe si son âme se perd ou bien se damne
La mystique du chef est douce et fait mine
Peu importe si le chef de ses mots vous câline
La mystique du chef
Favorise sous son signe
Gens très bien et gens de rien
A vocation assassine
Avalé le boniment
Du respect hiérarchique
On y respire comme on y ment
Mais ça vibre patriotique…
La mystique du chef est douce et fait mine
Peu importe si le chef de ses mots vous câline
LA MORT DES AMANTS (C.Baudelaire)
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
LE HEROS
Moi je cherche un héros
Dans ce foutu pays
Autre chose qu’un zorro
Un vieux singe malappris
Quelque chose de solide
Qui résiste à Wall Street
Puissant comme une bible
Pur, et dur, le bon type
Quand j’aurai trouvé
Cet objet politique
Autour de moi c’est juré
Tous seront extatiques
Car
Voilà le hic, de nous les hommes
Soumis aux triques des brutes de somme
A force de claques sur nos caboches
On devient flasques, stupides et moches
Allons enfants de la patrie
Incompris des élites
Secouez donc l’appétit
De cette ère hiératique
Qui nous dit qu'on est beau
Et nous inonde d’ineptie
De la pub à gogo
Et vive la free fantaisie !
Quand j’aurai trouvé
A bas le cathodique
Si le monde est trop laid
Faisons lui donc la nique
Car
Voilà le hic, de nous les hommes
Soumis aux triques des brutes de somme
A force de claques sur nos caboches
On devient flasques, stupides et moches
LA TZIGANE (G.Apollinaire, in Alcools (c) Ed. Gallimard, 1920)
L'AMOUR ET LE CRÂNE (vieux cul-de-lampe) (C.Baudelaire)
L'amour est assis sur le crâne
De l'Humanité
et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.
Le globe lumineux et frêle
Prend un grand essor,
Crève et crache son âme grêle
Comme un songe d'or.
J'entends le crâne à chaque bulle
Prier et gémir :
- Ce jeu féroce et ridicule,
Quand doit-il finir ?
Car ce que ta bouche cruelle
Eparpille en l'air,
Monstre assassin, c'est ma cervelle,
Mon sang et ma chair !"
TANT PIS
Méfions-nous des raconteurs d’histoires
Qui font tournoyer leurs grandes faux
Rappelons-nous que certains espoirs
Se recouvrent à la chaux.
Dans de profondes et larges fosses
Communes à tous les hommes,
Prisonniers de la fausse
Vérité et des dogmes…
Tant pis, tant pis, s’il faut le dire
Et encore le redire
De sorte que le pire
Ne soit pas l’avenir
Et les Nuits et les brouillards
Frappent toujours à nos portes,
En face regardons-nous sans fard,
Même sous les étoiles on déporte ;
Dans l’ombre de nos doutes,
Les trains immenses filent vers l’inédit ;
La catastrophe est en route,
Une mer de cendres monte vers l’infini.
Tant pis tant pis, s’il faut le dire…
Et tant mieux si dans nos veines
Ruisselle un sang très impur
Appauvri de toutes les haines
Et riche d’un amour plus sûr.
Méfions-nous des négateurs d’histoire
Qui vont répandant le faux ;
Rappelons-nous le désespoir
De ceux découverts à Dachau
De ceux recouverts à la chaux …
Tant pis, tant pis, s’il faut le dire...
L’INVITATION AU VOYAGE (C.Baudelaire)
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
SUR LE FIL
J’ai choisi de vivre là-haut sur mon fil
Je sais, ce n’est pas sage et paraît bien futile :
L’idée de faire carrière dans la finance,
La maréchaussée ou les assurances
Me donnait des plaques d’exéma.
Qu’à cela ne tienne, bien haut dans les nuages
Il y a la bise et le vent, mais quel paysage !
J’aime l’équilibre désordonné
Qui vous donne l’impression de flotter !
Je préfère l’en-haut plutôt que l’en-bas !
Mais quelqu’un m’a fait mordre la poussière
Sûrement un jaloux de mon bonheur sincère.
Et seul sur le boulevard parmi des gens pressés
C’est pire que les cafards alors j’aime mieux remonter
Oh! céleste est ma volupté…
Si 2 et 2 font 4, eh bien ainsi soit-il !
Je préfère rester, oh oui ! j’adore rêver,
A me faire bronzer, sous mon ciel étoilé,
Perché sur mon fil en liberté !
LES VERGERS D'OPHELIE
Dans le verger d’Ophélie
Il y a des fruits bien rouges
Et puis il y a aussi un puits
Avec de l’eau bien fraîche
Les jours de soif, les jours d’amour,
Je vais là-bas, je vais, j’y cours
Et là se tient la belle hôtesse
Avec sa peau bien fraîche
Dans les vergers d’Ophélie
Dans le verger d’Ophélie
Il y a l’extase à l’infini
Qui tôt le jour, et tard la nuit
Nous réserve sa tendresse
Alors je mords dans les fruits rouges
J’étanche ma soif à l’eau qui court
Le temps s’éteint, plus rien ne presse
A nous l’amour, à nous l’ivresse
Dans les vergers d’Ophélie
C’est un verger de paradis
Où l’âme se cache dans le fruit
L’amour s’étouffe dans un cri
Dans l’étreinte d’une princesse
Dans le verger d’Ophélie
Il y a des fruits bien rouges
Il y a aussi la vie
Qui tient ses promesses
Il N'Y A PAS DE DIEUX ( D.H Lawrence)
LE GRAND SOIR
Tout commence dans les collines de Béthleem
Les mages y viennent quand la ville dort
Le premier porte la myhrre, le deuxième l’or
L’encens repose dans les mains du troisième
Suivant l’Etoile, folle est l’espérance
De par le monde ils ont marché royalement
A un signe ils comprennent que nulle distance
Ne les sépare plus alors du Firmament
Eux ont vu l’Etoile d’espoir
Tous se rassemblent pour le grand soir
Là, dans la paille, chez ces gens de
rien
Enfoui, attentif, quasiment dans l’ombre
Se tient l’Enfant, le roi du monde
La lumière bientôt jaillira de ses mains
Puis vient l’âge de la 12ème
saison
L’Enfant fait preuve de maturité
Et démontre aux docteurs zélés
Qu’il sait raisonner plus que de raison
Peu connaissent l’Etoile d’espoir
Tous se rassemblent pour le grand soir
Et sur les routes, de Palestine, et de Judée
Partout la foule veut le voir, et entendre
Sa parole juste pas toujours tendre
Le Galiléen est homme de volonté
Qui parle vrai, au pauvre comme au riche,
Et qui enseigne l’art de la vérité
Qui fend l’injuste et toute vanité
Beaucoup le joignent ; d’autres s’en fichent
Peu connaissent l’Etoile d’espoir
Tous se rassemblent pour le grand soir
D’autres encore sont bien jaloux
D’avoir perdu l’autorité
Et leur pouvoir, les masques sont tombés :
Ils sont prêts à le vendre pour 2,3 sous
Arguant du fait de forfaiture
De magie noire, miracles et sorcellerie
Ils scellent le destin de l’homme qui
Les a révélés à leur propre imposture
Peu ont vu l’Etoile d’espoir
Tous se rassemblent pour le grand soir
Jardin des oliviers, sous la lune, à
minuit
On désigne l’homme à la patrouille romaine
Lui qui, 3 heures avant, quelle aubaine !
Dînait en grande paix avec ses 12 amis
Le procurateur, habile, n’en veut pas,
S’en lave les mains : c’est la Passion
Qui commence pour Jésus, c’est son nom,
Pour l’amour vrai, il va mourir en croix.
Tous connaissent l’Etoile d’espoir
Lui savait que c’était le soir
C’est un message qui dit : « Je
sème»
Et souffle encore dans les voûtes du vent
Des mages la myhrre, l’or et l’encens
Sur les collines de Bethleem.
AUTRES TEXTES
PARTIZIENLIED (Trad.yiddish)
Du sollst nicht sogen az du gayst dem letzten
veg,
Ven himlen blayene farshteln bloye teg;
Wayl kumen vet noch undzer oysgebenkte shuh,
Es vet a poyk tun undzer trit - wir zaynen do!
Es vet di morgensonn baleuchten undz dem haynt,
Die schwarzen vet varshvinden mitn faynt;
Und noch oyb varzamen vet di sonne in dem ka-yor,
Wie a parol zol geyn dos lied von door zu door.
Dos lied geshriben iz mit blut und nicht mit bly,
S'iz nicht keyn lied von a voygel oyf der fry;
Nur hut a folk tzvishen falendi-ke vent,
Dos lied gezungen mit naganes in di hent.
Von grinem palmenland biz land von waysen shney,
Wir kumen ein mit undzer payn, mit undzer weh;
Und wir gefalen iz a shpritz von undzer blut,
Shpretzen vet dort undzer gewore, undzer mut.
Du sollst nicht zogen az du gayst dem letzten
veg,
Wen himlen blayene farshteln bloye teg;
Weil Kumen vet noch undzer oysgebenkte shuh,
Es vet a poyk tun undzer trit -- wir zaynen do
(Chant de la Résistance yiddish)
YOU DON’T MESS AROUND WITH JIM Texte et musique: Jim Croce)
Uptown got its hustlers
Bowery got its bums
And 42nd street got big Jim Walker
He's a pool shootin' son of a gun
Ya, he's big and dumb as a man can come
But stronger than a country hoss
And when the bad folks all get together at night
You know they all call big Jim boss, just because,and they say
You don't tug on Superman's cape
You don't spit into the wind
You don't pull the mask off the old Lone Ranger
And you don't mess around with Jim, da do da do...
Well out of south Alabama come a country boy
He said, "I'm looking for a man named Jim
I am a pool shootin' boy, my name is Willie McCoy
But down home they call me Slim
And I'm looking for the king of 42nd street
He's driving a drop top Cadillac
Last week he took all my money, and it may sound funny
But I've come to get my money back,"and everybody said,Jack, don't you
know”
{Refrain}
Well a hush fell over the pool room
When Jim he come boppin' off the street
And when the cuttin' was done
The only part that wasn't bloody was the soles of the big man's feet
And he was cut in 'bout a hundred places
And he was shot in a couple more
And you better believe they sung a different kind of story
When big Jim hit the floor
(refrain}
Yeah, big Jim got his hat
Find out where it's at
And not hustling people strange to you
Even if you do got a two piece custom made pool cue
(refrain)
BON APPETIT !
Bon appétit, Messieurs ! ô ministres intègres !
Et vous, vertueux conseillers, collets montés de la pègre !
Vous traitez la chose publique, comme une fille de bas étages !
Et dans votre regard oblique, vous lustrez l’or de votre cage !
Si c’est ainsi moi je vous dis : « Bon appétit ! »
Bon appétit, messieurs, ô serviteurs de grand mérite !
Qui vous servez de votre mieux, d’une très chère république
!
Vous qui n’avez de cesse, de garnir vos poches !
Après avoir dit la messe, vos promesses flambent comme torches !
Si c’est ainsi moi je vous dis : « Bon appétit ! »
Bon appétit, messieurs, vous les étoiles
de l’élite !
Qui marchez fièrement de tous bords, un brin cyniques.
Vous creusez la fosse immonde pour Marianne endormie,
Mais l’histoire bien souvent montre que le peuple n’est pas abruti
!
Alors, attention, messieurs, et bon appétit, messieurs,
Prenez bien soin, messieurs, de votre raie publique !
LE CHAT (C.Baudelaire)
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.
AZ DER REBBE (Trad.yiddish)
Az der rebbe zingt, Az der rebbe zingt
Zingn ale khasidim, Zingn ale khasidim
woî woî, woî zingn ale khasidim/ woî, woî, woî
zingn ale khasidim…
Az der rebbe es, Az der rebbe est
Esssn ale khasidim, Esssn ale khasidim
woî, woî, woî Esssn ale khasidim / woî, woî, woî
Esssn ale khasidim
Az der rebbe lakht, Az der rebbe lakht
Lakhn ale khasidim, Lakhn ale khasidim
woî, woî, woî Lakhn ale khasidim/ woî, woî, woî
Lakhn ale khasidim
Az der rebbe shluf, Az der rebbe shluf
Shlufn ale khasidim, Schlufn ale khasidim
woî, woî, woî Shlufn ale khasidim woî, woî, woî
Shlufn ale khasidim
Az der rebbe trinkt // Az der rebbe trinkt //
Trinkn ale khasidim, Trinkn ale khasidim
woî, woî, woî Trinkn ale khasidim woî, woî, woî
Trinkn ale khasidim
Az der rebbe weint, Az der rebbe weint
Weinen, weinen ale khasidim , weinen ale khasidim
woî, woî, woî weinen ale khasidim woî, woî, woî
weinen ale khasidim
Az der rebbe tantzt, Az der rebbe tantzt
Tantzn ale khasidim, Tantzn ale khasidim
woî, woî, woî Tantzn ale khasidim woî, woî, woî
Tantzn ale khasidim
Az der rebbe, der rebbe, der rebbe …zingt
ICI, MAINTENANT